Le transport de marchandises en France se fait à l’heure actuelle à plus de 85% par la route. Et malgré tous les discours sur le ferroutage ou le transport fluvial, il devrait en être pareil dans les années à venir. D’autre part c’est le seul mode permettant le porte-à-porte de par sa souplesse d’utilisation. Malheureusement c’est aussi le plus taxé avec pas moins de quatre fiscalités : la fiscalité sur la circulation (péage, taxe poids lourds), celle sur l’entreprise, la taxation du gazole, et enfin la fiscalité sur les véhicules (taxes à l’essieu et VTS). Autrement dit dans certains cas le prix du transport peut excéder la valeur du fret transporté. Ce constat est aussi imputable au fait que le taux de remplissage des camions circulant sur les routes françaises n’est que de 67%. En effet compte tenu des impératifs de délais de livraison, les transporteurs n’ont pas le temps par la voie normale du démarchage de remplir les véhicules. D’autre part, et toujours par manque de temps le retour s’effectue souvent à vide.
S’il est impossible d’influer sur la fiscalité, il est par contre possible grâce à l’informatique et l’internet 2.0, d’optimiser le remplissage et par là même de faire baisser les couts. La plupart des entreprises de transport routier n’ont pas les compétences pour créer et faire vivre un outil de mutualisation des capacités de transport, aussi ce sont des start-up internet qui ont développé des plateformes web de cotransportage ou si l’on préfère de transport mutualisé.
D’autre part la baisse de la pollution en général et du CO2 en particulier étant une priorité nationale le transport mutualisé y contribue grandement !

Comment cela marche-t-il ?

Tout le monde connait aujourd’hui le covoiturage, qui consiste à offrir des places disponibles dans des voitures particulaires à des personnes ayant une destination identique. Ces propositions (ou les demandes de places) s’effectuant par l’intermédiaire d’internet et de SMS. Le cotransportage est l’exacte réplique du principe mais appliqué au transport de marchandises. La description du procédé par-delà les quelques variantes commerciales, se dicline comme suit:

• Une plateforme informatique (un site web ou application mobile) est créée pour mettre en relation les offres de capacité de transport sur une destination définie, et une demande d’envoi d’une marchandise à un endroit précis.
• Côté particuliers ou PME, ceux-ci indique la nature, les dimensions, le poids et la destination finale de la marchandise, avec éventuellement le prix maximum qu’ils sont prêts à payer et les dates de chargement et de livraison.
• Côté transporteurs, ils répondent en faisant des offres de prix et/ou en indiquant sur le site la capacité restante pour chaque destination avec une actualisation permanente.
• Le client choisit l’offre qui lui parait la plus pertinente et laisse à l’issue une évaluation de la prestation.

Les types de marchandises transportées sont sans limite. Pour les particuliers ils vont du petit colis au déménagement complet, en passent par les véhicules, les bateaux, ou les biens fragiles tels que les pianos. Concernant les professionnels tous les types de biens commerciaux et industriels, agroalimentaires, ainsi que les animaux vivants sont chargeables. La seule restriction concerne les produits dangereux qui possèdent une réglementation contraignante pas toujours adaptée à la mutualisation du transport.

Les avantages et inconvénients vus du côté chargeur.

Pour les clients, le cotransportage présente de multiples avantages et quelques inconvénients.
• Pour les particuliers, le plus évident est naturellement une baisse tarifaire qui peut aller dans certains cas jusqu’à 50%. Du coté positif nous trouvons aussi l’accès quasi immédiat à de nombreux professionnels en demande de fret est donc étant réactif dans leurs réponses tarifaires. Le seul bémol que l’on puisse trouver concerne les délais de livraison qui peuvent être aléatoire, ainsi que bien souvent l’obligation d’une présence pour la réception des marchandises. Les inscriptions et le service sont naturellement gratuits pour l’expéditeur.
• Les entreprises (PME/TPE, agriculteurs,…) y trouvent aussi pleinement leurs comptes de part les économies financières qu’elles réalisent. Au vu de la concurrence acharnée le transport doit de plus en plus souvent être offert aux clients. Aussi toutes réductions de son coût sont-elles les biens venus.

Un plus pour les entreprises de transports.

Les transporteurs ont souvent la hantise du retour à vide de leurs camions. Jusqu’à présent ils ne pouvaient que procéder par démarchage téléphonique auprès de leurs clients habituels ou en prospecter de nouveaux. Processus long et incompatible avec la rotation rapide des transports. Les plateformes de cotransportage leur permettent d’externaliser toute cette démarche commerciale avec.
• Une réduction des frais commerciaux.
• Une ouverture sur une clientèle de particuliers ou d’entreprises potentiellement illimitées, avec l’accès au marché européen sans effort couteux de recherche des clients.
• Enfin l’instantanéité d’internet qui assure un remplissage maximal à l’aller comme au retour.
Tous ces gains de productivité se traduisent par une baisse des tarifs de leurs prestations indispensables au regard de la concurrence européenne. Et ce sans toucher à la marge, assurant ainsi la pérennité de l’entreprise.

Rien ne serait possible sans l’internet 2.0.

Jusqu’à très récemment la plupart des entreprises de transports n’avaient même pas conscience des potentialités de l’internet 2.0 (internet interactif) pour leurs démarches commerciales. D’autre part l’internet n’étant pas leur cœur de métier, il fallait que des intervenants extérieurs créent de toutes pièces des outils de type plateforme web, pour mettre en relation les demandeurs privés ou professionnels et les transporteurs. Seul l’internet et les outils annexes tels que les applications mobiles, sites web et SMS permettent l’instantanéité de l’interaction demandes/réponses.

Petit tour d’horizon des sociétés qui offre ce nouveau type de service.

Le cotransportage étant de création récente et demandant des compétences certaines en gestion de plateformes informatiques, peu de sociétés se sont lancées dans l’aventure. D’autre part deux types de sociétés coexistent:

• Les structures de mutualisation de type fermées qui s’adressent essentiellement d’un côté aux industriels et de l’autre à la grande distribution.
• Les structures ouvertes de cotransportage qui s’adressent à tous : particuliers comment professionnels.

Parmi ces dernières nous en citerons trois:

• La société FretBay et sa plateforme internet https://fretbay.com/fr/ sise à Villeneuve Saint Georges et qui à vu le jour en 2008 en tant que professionnel de la programmation informatique. Son capital social est 431 546€ et sa directrice Mme Areeba REHMAN. Celle-ci a été nominée Femme de l’industrie 2012 et est entre autres titulaire du trophée d’or E-commerce dans la catégorie logistique en 2012. Depuis sa création la société a bénéficié à plus de 200 000 personnes et à 5000 professionnels inscrits sur son site.
• La société Cotransportage et son site http://www.cotransportage.fr/ sont de création plus récente (2011). Ces deux promoteurs sont deux jeunes frères : Damien et Cédric. Le premier étudiant en I.U.T.G.E.A. le second déjà engagé dans la vie professionnelle en tant que chargé d’affaire d’une PME des BTP. Le site bien qu’ouvert aux particuliers s’adresse prioritairement aux entreprises, et tout particulièrement à celle du secteur du Bâtiment et des Travaux Public eut égard à l’expérience d’un des créateurs. Ce secteur est en effet générateur de transports à vide au retour des livraisons de chantiers. L’ouverture des comptes standards et leurs utilisations sont gratuites.
• La troisième plateforme http://www.colis-voiturage.fr/ s’adresse aux particuliers et est l’exacte réplique du covoiturage. Elle met en relation des particuliers demandeurs d’un transport de colis et des propriétaires de véhicules effectuant un trajet à vide et désireux de le rentabilisé. L’inscription est gratuite.
Précision importante ; ces plateformes offrent un service très majoritairement gratuit, mais il va de soi que la prestation de transport et elle payante, bien que bénéficient d’un prix très nettement inférieur aux tarifs normaux.

Le transport mutualisé et ses perspectives d’avenir.

Nous ne sommes qu’à l’aube du transport mutualisé. Avec l’arrivée des objets connectés à internet c’est l’ensemble du trafic de marchandises qui pourra être cotransporté. Plus besoin de mesurer, de peser et de remplir des questionnaires fastidieux. Les objets transmettront eux-mêmes les informations. Pareillement grâce aux smartphones la traçabilité sera instantanée, ainsi que la facturation et le paiement. Du coté des transporteurs la commercialisation des capacités de transport et l’organisation logistique des chargements seront pratiquement automatisées.
Compte tenu de la persistance en Europe d’une crise économique et de la mondialisation des transports, l’optimisation du transport de marchandises par voie routière est une obligation (et le seul levier disponible) pour faire baisser les prix, tout en maintenant les marges des entreprises.
Enfin et pour une fois pourrait-on dire, la protection de l’environnement que permet le cotransportage se conjugue avec les économies financières.

Commentaires (1)

  1. Concernant les nouveaux types de services, un nouvel acteur sur le secteur de la livraison entre particuliers par covoiturage, Cocolis, propose une assurance avec la Maif.

Les commentaires sont clos